16/05/2020

Rosenhan : Le diagnostic psychiatrique mis en doute



L’expérience de Rosenhan ou comment mettre en évidence les a priori des psychiatres.
En 1973, le psychologue clinicien David Rosenhan a mené une expérience  qui consistait à se faire admettre avec 7 collègues en tant que patients dans douze hôpitaux psychiatriques différents, sur une période de trois ans en disant qu’ils entendaient des voix. Les symptômes fictifs annoncés par chacun étaient les mêmes; Ils racontaient avoir entendu des voix indistinctes, disant des mots comme ‘’vide’’, ‘’creux’’ ou ‘’bruit sourd’’. À part ces symptômes, tout ce qu’ils disaient de leur vie était conforme à la réalité. Le diagnostic fut sans appel : sept furent diagnostiqués schizophrène et un fut considéré comme atteint de psychose maniaco-dépressive.

Une fois à l’intérieur, ils devaient se comporter normalement et demander leur libération dès le deuxième jour en disant que les voix avaient disparues. 

Si certains ont été libérés rapidement (quand même après 7 jours), d’autres furent enfermés pendant 52 jours (avec une moyenne de 19 jours). Le véritable problème, c’est que même après leur libération, les médecins parlèrent de rémission et n’évoquèrent jamais le fait qu’ils n’avaient peut-être jamais été atteints de maladie mentale. Les seules personnes ayant émis des soupçons sur les diagnostics des psychiatres furent d’autres patients (un tiers des ‘’fous’’ internés avec eux ont eu des doutes sur la maladie mentale des pseudo-patients).

Un peu plus tard David Rosenhan voulu faire une contre expérience : Il a prévenu tout le personnel d’un grand hôpital psychiatrique que, sur les prochains mois, il allait envoyer de faux patients imposteurs. C’était au personnel d’arriver à les distinguer des ‘’vrais’’ patients. Sur presque deux cents patients, une bonne quarantaine a été diagnostiquée comme des imposteurs. Le problème était que Rosenhan n’avait envoyé aucun faux patient.

Rosenhan ne critiqua pas le fait de ne pas avoir détecté les pseudo-patients ni même de les avoir internés. Mais il affirma que sur une période prolongée d’observation, les psychiatres n’ont, à aucun moment, remis leurs diagnostics en doute. Une hypothèse de schizophrénie peut être maintenue malgré une observation prolongée de la santé mentale du patient, alors que le diagnostic lui-même est dénué de sens.

Sources