Ça ne va pas fort. Je n’ai qu’une envie : aller au lit et dormir pourtant je reprends le boulot le 15 mars.
On m'affecte à la réparation des appareils, un poste sédentaire à Poisat prés de Grenoble. Je suis beaucoup moins bien payé et doit subir les railleries et l'humiliation stigmatisante et commune que connaissent souvent ceux qui ont été internés. J'étais un chef de chantier plein d'avenir,. Je deviens un mauvais électronicien psychotique.
Je n’ai plus de forces. Plus le courage de rester avec Dominique, non plus.
Nous nous quittons.
Je vois souvent le médecin du travail, Marguerite Pelletier, qui m’aide beaucoup. Je lui explique que tous mes tracas viennent du fait que je ne fais plus de déplacements.
Après beaucoup d’hésitations, elle consent à ce que je retourne faire une intervention test à la centrale de Bugey. Je pars donc sur le site pour un travail assez facile mais je n’y arrive pas. Les voix qui « parlent de moi » sont toujours là et parasitent sans cesse ma pensée. J’explique au client (EDF) que je suis malade sans m’étendre et je pars.
Je ne sais comment annoncer ce problème à mes chefs. Je suis très fatigué, je retourne directement à l’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève. Un collègue viendra chercher la voiture de fonction.
Au CHS, je deviens une grosse loque en régime cérébral déficitaire. Je sombre de plus en plus. Je suis comme un zombie dans ce pavillon glauque. Dehors c’est l’été.
Mes parents viennent me chercher les weekends pour aller faire du bateau sur le lac du Monteynard mais je suis trop angoissé et stressé pour profiter de ces moments de détente en famille.
Je sors de l’hôpital fin août mais je n’ai plus d’énergie ni de motivation dans la vie. Je traine à St Jean-de-Maurienne, capable de rien.
Je descends une fois par semaine à Grenoble pour voir le docteur Barley-Ghalleb au CMP de mon quartier ou un psychologue, Dominique Auchard.
Je vois aussi un psychiatre paternaliste et vieille école, le docteur Micou, à Chambéry.
Je reprends le boulot en mi-temps thérapeutique le 5 novembre mais je n’en peux plus.
Le 11 décembre, j’avale tous les médicaments que j’ai dans mon appartement et une bouteille de Téquila.
Je vais enfin être tranquille …
Si je voulais vraiment mettre fin à mes jours,
aujourd’hui, c’est plein de gratitude que je pense à mon ami, Gratien, qui ayant
la clé de chez moi et de passage à Grenoble me sauva la vie cette nuit-là en
appelant les secours.
Trois jours plus tard, je me réveille à l’hôpital de Grenoble et l’on me transfère à l’hôpital de Bassens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire