Après l'ado et l’immigré « forcement » délinquants, le malade mental est en passe de devenir, aux yeux du gouvernement et donc (matraquage médiatique oblige) aux yeux des français, un « psychopathe dangereux ».
Oubliant la grande misère de la psychiatrie, notre président ne s'intéresse qu'au malade dangereux et lui promet un bel avenir : systématisation des soins sous contrainte, ouverture de 200 chambres d'isolement ...
Le projet de « sécurisation des hôpitaux » prend l'exact contre-pied du modèle psychiatrique des quarante dernières années, qui vise la réintégration des patients dans la société tout en les encadrant (et y parvient de moins en moins, faute de moyens).
Et tant pis si les risques d'être assassiné en France par un malade mental sont infiniment moins grands que celles d'être dézingué par son voisin de palier : le rapport de la commission Violence et santé mentale dénombre qu'en 2005, sur 51411 personnes mises en examen dans des affaires pénales, 212 ont bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité mentale, c'est-à-dire 0,4% des crimes et délits alors que la population de malades mentaux en France est de 5%.
Sachant que les malades mentaux sont très rarement impliqués dans les crimes et les délits, la société est plus dangereuse pour les fous que les fous pour la société.
Où en serais-je, si l’on m’avait étiqueté, sans raison, criminel au lieu de malade ?
Hôpital psychiatrique versus prison ?
En Iran, on exécute les sidéens et l’occident, s’en émeut. Mais que dire d’une société qui emprisonne ses malades ???
La caricature du « dangereux schizophrène », relayée encore récemment par les médias avec l'évasion de l'hôpital de Marseille, je n’en veux pas, car je sais mieux que personne qu’un schizophrène est un Individu en souffrance.
Que serait ma vie si j’avais été suivi par un éducateur en milieu carcérale et la justice au lieu de l’équipe du Docteur Philippe Séchier au CHS de Bassens (73) ?
Il me soigne depuis plus de 20 ans et je sais qu’il ne mettra pas en œuvre ces propositions dégradantes. Il s'opposera au projet de réforme annoncé le 2 décembre par le président de la République. Et je crois même qu’il appellera à la désobéissance médicale. Hors de question, pour lui, que l'hôpital se transforme en «prison », avec des sorties de plus en plus encadrées, la multiplication des chambres d'isolement et des internements sous contrainte. C'est au médecin seul de juger si le patient est dangereux ou non.
Si la réforme des institutions psychiatriques avait été appliquée 20 ans plus tôt, je ne serais pas, aujourd’hui, cet homme de 46 ans, père de famille, travaillant dans une industrie plutôt sensible au niveau « secret défense », parfaitement intégré, heureux de vivre, et même (cerise sur le gâteau) payant des impôts.
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